Rétablir les faits sur le détournement des emballages au Canada

Dans un article par ailleurs intéressant sur la responsabilité individuelle des producteurs (RIP), Tom Chervinsky a commis une bourde statistique. Je ramollis, voyez-vous. J\’ai dit bourde au lieu de parler de dénigrement.

Chervinsky n\’est certainement pas le premier, et il ne sera pas le dernier, à batifoler avec les faits. Il commence de belle façon en faisant observer que le pourcentage de déchets détournés des sites d\’enfouissement par l\’Ontario est demeuré inchangé depuis 20 ans. L\’enquête la plus récente de Statistiques Canada (2012) établit celui-ci à 24 p. cent.

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Mais il nous demande ensuite de comparer le pourcentage peu élevé de l\’Ontario avec les taux de recyclage des emballages déclarés par l\’Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Holà, une petite minute! On ne peut pas comparer le taux de détournement de l\’ensemble des déchets de l\’Ontario (papier, déchets organiques, produits blancs, matériel électronique, déchets de construction, de rénovation et de démolition, sans compter les pneus et d\’autres trucs) avec les taux rapportés par certains pays pour une seule catégorie comme les emballages. Il faut comparer les taux relatifs aux emballages avec des taux relatifs aux emballages.

Et là, il y a un problème en ce qui concerne l\’Ontario et le Canada : nous ne connaissons pas les taux actuels de détournement et de recyclage des emballages dans notre pays. L\’enquête la plus complète jamais menée au Canada spécifiquement sur les emballages date de presque 20 ans. On peut se demander si elle est toujours valide à l\’heure actuelle, et des changements sont certainement apparus au fil des ans quant à l\’usage des emballages (moins de verre et plus de plastique). En fait, cette question de taux de recyclage des emballages au Canada a déjà fait l\’objet de nombreuses discussions. Nous avons déjà pris à partie les ministres de l\’Environnement de l\’Ontario et du Canada parce qu\’ils avaient également fait un mauvais usage des données disponibles.

Alors, que sommes-nous en mesure d\’affirmer au sujet des taux de recyclage des emballages en Ontario et au Canada? Nous pouvons encore citer l\’Enquête nationale sur les emballages de 1996, selon laquelle plus de 70 % des emballages étaient réutilisés ou recyclés, et ce, principalement grâce à l\’industrie (91 %) plutôt qu\’aux ménages. Nous pouvons aussi appliquer ces taux par habitant de 1996 aux populations actuelles tout en prenant les précautions nécessaires d\’un point de vue statistique.

Ce que nous ne pouvons pas faire, cependant, c\’est de supposer aveuglément, à l\’instar de M. Chervinsky, que le taux de recyclage des emballages est le même que celui de toutes les autres matières résiduelles (produits blancs, matières organiques, pneus). Par ailleurs, certaines données, ainsi que des preuves certes anecdotiques, laissent supposer que le Canada pourrait, en fait, faire aussi bien sinon mieux que bon nombre de ses cousins européens en ce qui concerne le recyclage des emballages. Mais c\’est là le sujet d\’un tout autre blogue.

John Mullinder

Executive Director Paper & Paperboard Packaging Environmental Council (PPEC)
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